Franca-Henriette Coray
La famille à vivre, pas toujours facile?
La famille est le lieu où les besoins, les droits et les devoirs se heurtent, comme le font les courants d’air chaud et les courants d’air froids. Et quand ils se percutent: l’orage éclate. La famille étant formée par des individus imparfaits, humains, ce résultat est inévitable. Dans les familles l’enfant est contraint de subir le climat et il assimilera les tensions avec le lait de son biberon. Tensions qui vont probablement influencer toute sa façon d’envisager sa propre vie.. On dit bien que la famille c’est comme les souliers, plus les liens sont serrés plus ils feront mal. Par absurde, je dis même que la famille est un lieu dangereux parce que c’est dans son sein que les blessures les plus profondes sont souvent infligées…justement parce que c’est là que chacun de nous a passé les moments de sa vie où il était le plus sans défense…et c’est toujours là que chacun de nous s’attendait à satisfaire ses besoins les plus vitaux.
La Maison : Rentrez chez soi, aller à la maison …
Prononcer ces mots déclenche en nous de fortes émotions. La maison, le foyer: c’est là où on mange, se repose, s’isole et cherche refuge et réconfort dans les moments de tensions, c’est l’endroit où chacun de nous s’attend à satisfaire ses besoins les plus importants. Selon l’échelle de Maslow cela commence par les besoins primordiaux, vitaux (alimentations) et ça se termine par le besoin de réalisation personnelle, la pointe extrême que certains de nous n’atteindrons même jamais pleinement parce que freiné dans notre progression par beaucoup de choses, notre famille en premier lieu. En nous laissant frustrés, insatisfaits, hargneux … et c’est encore à la maison, le foyer, où tout cela se déverse, là où chacun de nous enlève son masque et s’exprime, se défoule, laisse exploser ses frustrations et ceci souvent au détriment des proches qui sont considéré responsables de cet état de fait. Et qui ont eux aussi des droits.
Les droits
Ce n’est pas nouveau, bien sûr, mais depuis quelques décennies l’évolution d’une certaine forme d’Illuminisme a fait en sorte que les Droits de l’individu soient de plus en plus proclamés et réclamés à haute voix. Droit de l’Homme, bien sûr, mais aussi Droit à l’amour, à la réalisation personnelle dont fait partie le Droit à avoir un enfant. C’est un besoin légitime, normal, parfaitement naturel. Mais est-ce un droit? Pour satisfaire ce besoin de l’enfant parfait qui va nous « faire plaisir » la science va toujours plus loin, bousculant les droits des individus plus faibles, les enfants, justement. Ceux-ci sont parfois, malheureusement, considérés des sources de réalisation. Mais les enfants ça a aussi une personnalité propre, ces propres besoins et droits ….
Et c’est toujours au sein du foyer que tous ces droits se rencontrent, cherchent à se satisfaire et parfois, souvent, se heurtent brutalement, méchamment, les uns contre les autres. Mais dans la famille parfaite les droits des plus forts, les parents, cèdent le pas aux devoirs envers les plus faibles, leurs enfants, non?
Les devoirs
Ah, voilà que ça passe moins bien que les droits, pas vrai? Les devoirs découlent du sens de responsabilité et sont donc, devraient être, uniquement l’apanage d’adultes responsables. Sinon ils sont vite considéré intolérables … et contournables. Et engendreront vite la frustration, seront sources de tensions au sein du foyer parce que considérés empêchement à la réalisation personnelle. Et la maison ne sera plus un lieu de refuge mais au contraire deviendra un lieu de conflit.
Déchets toxiques qui empoisonnent l’environnement ?
Avec ça, on s’étonne souvent que la famille soit le théâtre de drames, d’incompréhensions, de frustrations et que beaucoup de mariages se terminent en divorce. Il est vrai que chacun de nous subit toute sa vie durant les conséquences de choses qu’il a été contraint de vivre au sein de sa famille. Et tout cela ne reste pas entre les quatre murs du foyer, chaque individus qui en fait partie va amener tout cela partout où il ira. Imaginez de devoir travailler sous les ordres d’un chef au caractère épouvantable… Comment produire de la bonne volonté avec ça? Difficile, pas vrai, de ne pas s’empresser de partir en claquant la porte?
Alors vous comprendrez d’autant mieux ce que doivent subir ses enfants. Eux qui n’ont pas voix au chapitre et doivent absorber l’atmosphère, les tensions, les déchets toxiques de leurs familles avec leur alimentation et ceci pendant toute leur enfance. Ce n’est qu’à l’âge adulte qu’ils pourront décider au lieu de subir. Mais alors c’est souvent trop tard pour redresser la barre, corriger les faux-plis! Ou bien?
Cependant, il faut briser ces cages qui nous emprisonnent et dont nous sommes convaincus de ne pas avoir la clé emprisonnés comme nous le sommes dans la conviction qu’on nous a inculqué depuis notre enfance d’être une victime qui subit et non un protagoniste capable d’affronter les problèmes et de les résoudre.
Et pourtant oui, nous l’avons! Cette clé est entre nos mains, mais souvent nous ne voulons pas la prendre en main. Nous attendons que ceux qui nous ont emprisonnés viennent nous libérer, et c’est impossible, et c’est une descente dans un giron infernal dantesque qui conduit au désespoir total qui nous aspirera vers le bas. Si nous restons en cage, nous tournerons en rond, enragerons, mordrons, blesserons d’autres personnes, nos enfants en premier lieu, et nous n’atteindrons jamais la réalisation personnelle. La dépression nous attend. Malheureusement, si nous ne sortons pas de cette cage, de ce conditionnement, nous allons reproduire à coup sûr au sein de notre propre famille ce qui nous a fait mal dans celle où nous avons grandi.
Alors, une fois devenus adultes, Il faut cesser d’attendre de ceux qui nous ont blessés qu’ils viennent nous libérer. C’est à nous de sortir de nos cages, de chercher la clé, d’assumer notre part de responsabilité, même minime. Il faut cesser de faire des reproches à nos parents comme il faut aussi cesser de reproduire les mêmes erreurs. Jésus-Christ est la porte de sortie de nos cages parce qu’il nous offre la clé du pardon. Vous êtes de ceux qui disent: Dieu pardonne mais pas moi? (film western) Eh oui, pardonner c’est difficile. Pardonner ne veut pas dire oublier, ni donner la permission de recommencer. De plus, les blessures ne vont pas s’effacer. Si nous pardonnons à celui ou celle qui nous ont privé de quelque chose, nous ne l’obtiendrons pas automatiquement pour autant. Les obstacles seront parfois insurmontables…. Pardonner, c’est vouloir se libérer de nos cages en tournant la clé dans la serrure nous-mêmes, au lieu de continuer à attendre que ceux qui nous ont fait du mal reviennent nous libérer. Et notre vie gagnera en qualité. Il ne faut non plus pas souhaiter le mal à ceux qui nous ont blessés. À moi la vengeance dit Dieu ! Cela ne nous regarde plus, mais si nous souhaitons le bien, nous serons mieux dans notre peau. Dieu le sait, c’est pour cela qu’il nous dit: laissez-moi vos désirs de vengeance et cessez de remâcher les blessures du passé. Gardons seulement le souvenir qui nous permettra, c’est souhaitable, d’apprendre l’humilité. Nos parents n’étaient pas parfaits, eh bien nous non plus. Occupons le présent à rechercher l’or que chacun de nous a en soi, plutôt qu’à lancer des pierres.
La seule solution? C’est de placer nos déchets toxiques, les blessures qui nous conditionnent encore, au pied du Seigneur et lui dire de s’en occuper, lui demander de nous restaurer et surtout ne pas attendre d’un conjoint ce genre de miracle. Car n’importe quel homme ou femme aura ses propres déchets toxiques qui auront faussé sa propre perception d’une famille parfaite, chacun attendant de l’autre le miracle on aura tôt fait de s’apercevoir qu’il n’est pas en mesure de l’accomplir. Se marier pour recevoir est une erreur, on se marie pour donner. L’amour doit être un don inépuisable, pur, parfait, inconditionnel, et seul le Seigneur a ce genre de chose dans ses bagages, aucun être humain est capable de ça. Allons donc vers Lui avec nos cœurs brisés, nos déchets toxiques, pour qu’Il nous restaure mais pour cela il faut d’abord vouloir se rendre compte humblement, honnêtement du problème.
Non, nous n’avons pas grandi dans une famille parfaite et non, nous non plus ne le sommes pas. Ce qui n’enlève en rien notre valeur unique, le fait que Dieu compte sur nous pour accomplir des choses uniques dans la société, des choses que personne d’autre pourra accomplir à notre place. Là est notre réalisation.
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Ce message est le résumé de la présentation du 7 mars 2015 à Crêt-Bérard, festival d’auteur, qui a été publié en partie sur Futur.ch janvier 2016.
Autor: Franca-Henriette Coray